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IV - Effets et dépendance

Index :

a) Mode d'action

En 1992, Devane et Méchoulam ont découvert une substance endogène proche du delta-9-THC : l'anandamine (du sanscrit ananda : félicité). Elle se fixe sur les récepteurs spécifiques du cannabis dits CB1 quand ils se trouvent au sein du système nerveux et CB2 s'ils sont au niveau périphérique. Le rôle physiologique exact de ces derniers reste cependant inconnu. L'activation de ces récepteurs entraîne de nombreuses modifications dans le neurone postsynaptique dont le résultat ets de freiner la libération des neurotransmetteurs. Tout concourt ainsi à réduire fortement la transmission synaptique entre neurones voire à supprimer carrément l'activité neuronale. Cet effet inhibiteur touche pratiquement tous les types de neuromédiateurs. Toutefois, dans certaines régions du cerveau comme le striatum (qui est en rapport avec la motricité), le noyau accumbens (contrôle de la volonté) et le cortex préfrontal (activités supérieures les plus intégrées), on observe au contraire une augmentation de la synthèse et de la libération de dopamine. Cet accroissement paradoxal explique par le fait que les neurones dopaminergiques de ces structures cérébrales ne possèdent pas de récepteurs CB1 mais sont modulés par des neurones gabaergiques qui eux, en revanche, en possèdent. Ainsi, le cannabis, en exerçant son action inhibitrice sur les neurones gabaergiques, va provoquer une levée de l'inhibition que le Gaba exerce en temps normal sur les neurones dopaminergiques qui s'en trouvent alors activés. Les effets du chanvre sont naturellement en rapport avec la localisation anatomique des récepteurs CB1 : l'action sur la motricité est due à ceux des ganglions de base, de la substance noire et du cervelet ; celle sur la mémoire à ceux de l'hippocampe et du cortex cérébral ; les troubles comportementaux proviennent de ceux du cortex cérébral et du système limbique en général. L'importance de la dépendance psychique s'explique par le fait que le delta-9-THC augmente indirectement la libération de dopamine au sein du circuit cérébral de récompense : en l'absence d'apport exogène de cannabis, la baisse d'activité dans cette région entraînera alors un comportement de recherche active de cette drogue.

b) Effets d'une prise unique de cannabis

Les conséquences pouvant être induites par une prise de cannabis ne sont pas du tout dramatiques : larmoiement, conjonctivite, sécheresse de la bouche, hypoglycémie, troubles digestifs, céphalée, hypoventilation, tachycardie, vasoconstriction périphérique ... D'autant qu'elles sont très largement compensées par les effets psychologiques qui se déroulent en quatre phases successives. En premier lieu, survient un épisode ébrieux d'euphorie avec anxiolyse, analgésie, détente, pendant lequel l'intoxiqué ressent une impression de bien-être qu'il désire faire partager tout en conservant sa capacité de jugement. Ensuite, se développe une phase confusionnelle qui se caractérise par une hypersensibilité des sens (les couleurs deviennent éclatantes, les bruits ont une résonance extraordinaire), des illusions et des hallucinations (plus rare), une perturbation de la notion espace-temps et de l'affectivité (dans le sens soit d'une tonalité érotico-sensuelle soit d'une hilarité incontrôlable). Après une phase extatique qui est un état hallucinatoire plus ou moins persistant, apparaît enfin une phase de sédation de laquelle le sujet sort en se souvenant des impressions agréables ressenties. Certes, parfois tout ne se passe pas aussi bien car tout dépend de la personnalité de l'intoxiqué. A l'euphorie peut se substituer une dysphorie (état de malaise) entraînant une dépression transitoire ou bien des réactions inverses d'anxiété et de panique. La confusion peut donner des crises de bouffées délirantes (toutefois à partir de 30 mg de delta-9-THC, ce qui représente une dose double ou triple de celle qui est "habituellement" absorbée). La phase d'extase peut être accompagnée d'un état d'aboulie, cette absence morbide de volonté pouvant être d'ailleurs recherchée par certaines sectes pour rendre leurs sujets passifs et inactifs (cf la secte des Assassins ou Haschischins). Notons enfin, bien que ce ne soit pas exclusif de cette drogue, l'effet de baisse de la vigilance et des performances qui, chez les automobilistes par exemple peut conduire à des accidents de la route.

c) Effets d'une consommation chronique de cannabis

Certains effets, mal perçus de la population et des consommateurs, ont des conséquences importantes et marquent l'existence d'un usage nocif : difficultés de concentration, difficultés scolaires, préoccupations centrées sur l'obtention du produit, contacts avec des circuits illicites. Chez certaines personnes plus fragiles, le cannabis peut déclencher des hallucinations ou des modifications de perception et de prise de conscience d'eux-mêmes : dédoublement de la personnalité, sentiment de persécution. Ces effets peuvent se traduire par une forte anxiété. Un usage nocif de cannabis peut favoriser des troubles psychiques. L'ultime danger du cannabis, même s'il n'est pas directement lié à ses effets propres mais plutôt au prosélytisme intéressé de certains membres du groupe (puisqu'il s'agit surtout d'une drogue de convivialité), est celui de l'escalade et qui consiste à rechercher des produits plus toxiques comme la cocaïne et l'héroïne. L'estimation du risque d'escalade a toujours été délicate : on peut néanmoins admettre que 5 à 10% de consommateurs de chanvre prendraient de l'héroïne 5 à 10 ans après.

d) Quelques mythes sur les effets d'une consommation chronique de cannabis

-Effet sur l'appareil respiratoire :

Le cannabis est souvent accusé d'être extrêmement nocif pour les voies aériennes supérieures et de causer des cancers précoces chez les gros consommateurs. En fait, le risque est surtout lié a la nicotine et aux goudrons contenus dans le tabac du joint. Les risques respiratoires sont amplifiés dans certaines conditions d'inhalation (pipe à eau, douilles).

-troubles de l'appareil reproducteur :

Le cannabis est souvent accusé de diminuer la sécrétion des hormones sexuelles mais les études conduites par le Dr.robert Block de l'université de Iowa ont montré le contraire. Ce mythe provient des études réalisées par le Dr. Gabriel Nahas qui a conduit ses expériences sur des tissus isolés en boîte de pétri qui ne peuvent valablement être généralisées à l'homme. Il a aussi réalisé des études sur des singes, mais il utilisait de très fortes doses, quasi létales, et les singes ayant survécu à l'expérience était revenu à un état normal après 30 jours. Les dernières études conduites par le Dr Susan J. Astley semblent montrer qu'il n'y a pas d'effet tératogène du cannabis.

-troubles cognitifs :

De nombreuses études ont été réalisées sur le singe et ont montré des changements physiques en particulier un élargissement de l'espace inter-synaptiques et une réduction du nombre des synapses. Mais ces résultats sont remis en cause par deux études récentes réalisées par deux équipes indépendantes. La première a été réalisée par le Dr William Slikkeret son équipe du National Center for Toxicological Research en Arkansas et a porté sur l'étude de 64 singes rhésus. On donna à ces singes du cannabis pendant un an. L'autre étude a été réalisée par Gordon T. Pryor et Charles Rebert au SRI International en Californie et a concerné 30 singes rhésus à qui on administra de la drogue trois fois par jour pendant 6 mois à un an. Aucune des 2 études n'a mis en évidence une action du cannabis sur la structure du cerveau. D'autre part les études sur les utilisateurs humains de fortes doses de cannabis n'a pu mettre en évidence de dommages cérébraux.

e) Dépendance

L'usage répété et l'abus de cannabis entraînent une dépendance psychique moyenne à forte selon les individus. Toutefois, un usage régulier, souvent révélateur de problèmes, est préoccupant, surtout lorsqu'il s'agit de très jeunes usagers.

Le delta-9-THC est liposolube et est de ce fait très long à être éliminé de l'organisme : sa demie-vie étant de 2,5 jours, il est nécessaire d'attendre 10 à 30 jours pour évacuer définitivement une dose unique de 10 à 15 mg (ce que contient en moyenne une cigarette de cannabis) alors qu'une dose similaire d'alcool est éliminée en 6 heures, d'héroïne en 8 heures et de cocaïne en 2 heures seulement ! Le syndrome d'abstinence se manifeste seulement par une irritabilité, une sudation excessive et quelques gastralgies. On peut donc dire que, grâce à son 1/2 vie très longue, la dépendance physique est minime.

 

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