Pour le grand public des pays occidentaux, le paludisme (ou malaria) ne représente le plus souvent qu'une de ces maladies des régions tropicales lointaines. Il est considéré avec un certain fatalisme et oublié des médias. Tout au plus en parle-t-on au moment des vacances puisqu'il faut s'en prémunir par un traitement contraignant avant d'aller faire du tourisme dans certaines zones. C'est ignorer que deux milliards d'individus y sont exposés soit 40% de la population mondiale, que 200 à 500 millions de cas cliniques surviennent chaque année faisant, selon les estimations, entre 1 et 3 millions de morts. Les enfants en bas âge paient le plus lourd tribut à la maladie parce qu'ils sont dépourvus d'immunité et ont une susceptibilité élevée aux formes les plus graves. Ceci est particulièrement vrai pour l'Afrique subsaharienne, région de loin la plus touchée. Plusieurs phénomènes rendent la situation du paludisme encore plus dramatique aujourd'hui. Le premier est que, depuis plusieurs années, le parasite développe de plus en plus de résistances aux médicaments antipaludéens, en particulier à la chloroquine, le plus utilisé et le moins cher. Par ailleurs, les pays où la maladie sévit sont souvent en proie à de grandes difficultés économiques ou sociales quand des guerres ne les bouleversent pas. D'où des infrastructures sanitaires en déliquescence. Enfin, il semble que le paludisme regagne du terrain dans des régions du monde d'où il avait été pratiquement chassé, comme la Turquie, le continent Indien ou le sud de l'ex-Union Soviétique

En Europe, le paludisme est un paludisme d'importation ou des voyageurs. On signale 3000 à 5000 cas annuels en France dont 90 % en provenance d'Afrique. 80 % des cas enregistrés en France sont dus à P. falciparum. La mortalité est de l'ordre de 1 %.

Depuis quelques années, on signale un paludisme des aéroports. La transmission par des anophèles voyageurs peut se faire lors d'étés chauds autour des grands aéroports internationaux. On a recensé 7 cas autour de Roissy en 1994.